Le cabanon

 
 

 

Le cabanon, une véritable institution en Provence.

 

 

Le cabanon, "maisonnette des champs", c'est une toute petite "maison" en bois ou en pierres dans les vignes, où les Provençaux allaient ou vont encore boire le pastis le dimanche entre amis, partager des repas en famille et où les paysans rangeaient leurs outils.

 

Témoignage: Le cabanon de mon enfance.

 

J'ai eu l'immense chance dans mon enfance de connaître tous mes grands-parents et même une partie de mes arrières grands-parents et... Double chance, ils possédaient... un cabanon.

Ce petit cabanon, qui n'était pourtant pas situé bien loin du village, avait été construit par mon arrière grand-père à la lisière d'une grande parcelle, adossé à une magnifique haie de cyprès. Il était entouré de vignes, d'un potager et d'un verger... Mes arrières grands-parents ne s'occupaient de tout ça que pour leur plaisir (et le nôtre) car ils étaient retraités depuis bien longtemps. J'aimais bien les y accompagner... J'ai encore en mémoire le goût unique des poires cueillies à point, des melons, des "muscats"... que nous dégustions sur place. Oh, il n'était pas bien grand, le cabanon. Peut être une dizaine de mètres carrés. Mais qu'importe, nous n'étions jamais à l'intérieur, le "spectacle" se passait au dehors. A l'intérieur se trouvait une petite cheminée, dans laquelle nous faisions griller quelques côtelettes sur des sarments de vigne, une vieille table avec 2 bancs, une armoire branlante dans laquelle s'entassaient quelques assiettes ébréchées, des verres, une cafetière et des tasses à café. Dans un coin se trouvait aussi la "pile" (évier en pierre) avec une pompe à main... C'est là que nous remplissions un seau ou une cuvette d'eau glacée du puits dans laquelle on plongeait des melons, de belles grappes de muscat et, pour les plus grands, quelques bouteilles de vin rosé... Et bien évidemment au milieu de tout ça, les outils du jardinier, la sulfateuse, les sécateurs, les pioches, bêches, cagettes, sachets de graines et semences...

Quand les beaux jours arrivaient nous venions souvent passer les dimanches en famille au "cabanon". Nous sortions la vieille table, ouvrions les fauteuils pliants que nous avions apportés et sur une jolie nappe flottant au vent léger, nous posions les salades et les plats que nous partagions, en accompagnement des grillades...

Et la journée se passait dans la bonne humeur. Après le repas les adultes se lançaient dans quelques discussions dont nous ne comprenions pas grand chose, dans la lecture du "Provençal", dans une belle partie de pétanque ou bien dans une sieste bien agréable, bercés par les cigales. Quant aux enfants, frères, soeurs, cousines, cousins, nous nous amusions tous, à l'ombre des énormes platanes. Pas de souci, nous pouvions, courrir, crier, aller où bon nous semblait, jouer au ballon, cela ne risquait de déranger personne... Tous au plus les dormeurs... Pas de route à proximité. Le seul danger était le canal d'irrigation qui courait le long de la parcelle. Il n'était ni grand ni profond et la plupart du temps à sec (nous nous y amusions souvent!!! Les horaires de mise en eau étaient connus à l'avance) mais à l'extrémité se trouvait un siphon, permettant à l'eau de passer sous le chemin... Une espèce de trou étroit et assez profond, un peu comme un puit et toujours rempli d'eau. Nous avions interdiction de nous en approcher (ce qui ne nous empêchait pas toujours de le faire, histoire de lancer quelques cailloux dans l'eau!) car, il est vrai, une chute dans le siphon aurait été l'assurance d'une noyade. Pour le goûter il n'y avait que l'embarras du choix. Un coup de sécateur et de magnifiques grappes rejoignaient la table... Ainsi que les pognes ou les boîtes en fer de biscuits secs (vous savez, le modèle "grand-mères" classique!!). Et puis le soir arrivait. Peu à peu la table se vidait. Les plats regagnaient les paniers puis... le coffre des voitures. La table retournait dans le cabanon. Un peu avant de partir, notre arrière grand-mère s'absentait un moment et revenait avec quelques cagettes de fruits, que nous emportions...

C'était ça LE CABANON !! Une ambiance, un moment de détente, de bonne humeur... Mais le temps à fait son oeuvre. J'ai bien grandi. Les arrières grands-parents nous ont quitté peu à peu, puis les grands-parents à leur tour... Quant au cabanon, il est toujours là, mais en ruine, esseulé au milieu d'un terrain à l'abandon. Les ceps de vigne, les arbres fruitiers, les haies, les platanes ont été arrachés... Eh oui, ça s'appelle le progrès... Il fallait bien que la route nationale passe un peu à l'écart, dans la "campagne", pour désengorger le village! Et lorsqu'il m'arrive de passer, à 110 km/h sur ce tronçon de route et de voir cette petite bâtisse fantôme, je ne peux m'empêcher de revoir tous ces moments heureux que nous avons passés... Au cabanon!

Car le cabanon en Provence, ça n'est pas seulement un bâtiment, une maisonnette, c'est toute la vie qui va avec...

 

Récit de Fanaplm84.

 

* Un grand merci pour ce beau témoignage touchant et rempli de souvenirs nostalgiques.

 

***

 

 

 


05/05/2008
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