Oppède le Vieux
Petit historique
Le village d'Oppède est situé sur le flanc d'un escarpement rocheux. Les eaux torrentielles s'écoulent dans le vallon de Combrès. Au somment de la falaise, le château fortifié est inabordable sur trois côtés. Sur la pente de la face nord, les habitants du village ont bâti leurs maisons, aujourd'hui en ruines.
C'est seulement vers le 11ème siècle que le nom d'Oppède se trouve mentionné dans des actes anciens.
A cause de la similitude du nom Oppède avec le mot latin Oppidum (place fortifiée), certains ont conclu, trop facilement, que ce village avait été une place romaine.
Le nom apparaît dans les textes en 1008: Oppeda; Opeda en 1244; Opida en 1274;
Depuis le 12éme siècle, seigneurie des comtes de Toulouse, puis du Saint-Siège, qui l'inféoda aux Maynier.
En janvier 1348, un violent tremblement de terre ébranle région d'Oppède. Puis en 1348 encore, la peste noire s'étend sur toute la région et emporte la moitié de la population. Le fléau reviendra en 1361, puis en 1371. En 1630, une nouvelle épidémie de peste décime la population.
Oppède est l'exemple type du village martyr qui ne s'est jamais relevé. Finalement, Raymond de Turenne le saccagea et l'incendia fin 14éme.
En 1545, Jean de Maynier, seigneur d'Oppède, massacra les Vaudois réfugiés dans le village.
La population du vieux village, qui s’élève à 1600 âmes du 16éme au 19éme siècle, constate que le confort de la plaine adoucit les conditions de vie et, dans un lent processus appelé "déperchement", délaisse le vieux village pour migrer vers la vallée. Petit à petit le village se désertifie. On raconte que certains habitants ne voulant pas quitter leur village perché gardent la mairie, à tour de rôle et en armes. En 1909, profitant d’une nuit d’orage et ayant appris que la surveillance est désertée, le fermier Lafond, aidé de quelques amis, d’une charrette et d’un mulet déménage toutes les archives de la mairie pour les transporter aux Poulivets.
Au début du 19éme siècle, l'abandon du village est total; les habitants se sont déplacés un peu plus bas dans la plaine, aux Poulivets, où la mairie est installée en 1912, ainsi que l'église, la poste, et les écoles. Ces transfert accélèrent le développement du hameau des Poulivets qui prend le nom d'Oppède, alors que le site d'origine devient Oppède le vieux. Oppède le vieux ne compte plus en 1940 que 6 habitants. Le vieil Oppède reste abandonné, mais l'on tente de lui donner une nouvelle vie.
Perché sur un éperon rocheux, Oppède, village provençal, se dresse fièrement depuis des siècles.
A lire avant de démarrer la visite d'Oppède
Quand vous arrivez à Oppède, une seule route pour monter au village. Vous arrivez à un parking avec des barrières, c'est payant. Les véhicules sont interdites dans le village.
Ensuite, il suffit de suivre ces panneaux. Le site est bien aménagé. Le village est à une dizaine de minutes à pied (du parking). La balade est bien agréable dans les arbres, ça monte légèrement, le village est plus haut.
Prévoyez des chaussures pour la marche, le village est tout en montée, les chemins sont pavés.
J'ai vu des personnes avec des chaussures d'été avec des talons plus ou moins haut. Ce n'est pas l'idéal pour la marche et monter jusqu'à la chapelle ou le château.
L'aire de battage pour le blé, son exposition au vent permettait de favoriser le battage et le séchage du blé.
Difficile de retrouver les fondations d'une chapelle romane dédiée à Sainte Cécile.
Depuis l'aire de battage, nous avons une vue magnifique sur le village et le Luberon. En haut à gauche la chapelle et à droite le château. Nous allons monter là-haut. ;-) Les maisons en bas, c'est le village.
Nous arrivons au village
En haut, à droite de la photo, nous voyons la chapelle Saint-Laurent 19éme siècle.
Vous arriverez place de l'ancienne mairie.
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L'ancienne halle
bâtie contre le rempart, comprenait à l'origine 9 piliers. Elle accueillait les quatre foires annuelles du village autorisées par le Légat d'Avignon. Traditionnellement, la fête de la Saint-Laurent, patron de la commune, reste un moment de grande animation.
A gauche des halles, cette maison médiévale (photo au dessus et dessous) a été agrandie au 17éme siècle. Une porte transformée en fenêtre est datée de 1678. Une porte cochère de 1724 a gardé les appuis d'une porte d'échoppe plus ancienne. Au 18éme siècle, une Dame Rambaud y faisait commerce de toutes fournitures. Au début du 20éme siècle, c'était encore l'épicerie du village.
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Place de l'ancienne mairie du vieil Oppède.
C'est Maximilien de Béthune, Duc de Rosny, marquis de Sully qui décidat de la plantation d'un orme sur la place ou devant l'église de chaque commune de France.
On y pendait les condamnés, on y faisait la fête, parfois même on y confessait. C'est sous l'ormeau que les petits juges, dits juges "de dessous l'orme", qui n'avaient pas de tribunal, rendaient la justice et que les notaires rédigeaient leurs actes.
L'oppidum, maison du 18éme siècle, accueillait les ouvriers qui allaient à pied à la carrière.
La "maison rose"
La maison rose, au coin de la place, date du 17éme siècle. (fenêtres à meneau ou à trois chanfreins sous la toiture, porte cochère avec un arc en anse de panier). Elle a abrité de 1925 à 1935, une colonie de vacances. Durant la guerre, le groupe d'Oppède en a fait un lieu d'habitation et un atelier d'architecture. En dessous, l'ancienne boulangerie, dont le four existe encore.
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L'ancienne mairie
Un immeuble en pierre de taille de trois étages.
Elle a été construite au 18éme siècle sur l'ancienne porte fortifiée (le portail), l'accès principal au bourg construit à l'intérieur des remparts.
A droite sous la voûte, on peut remarquer l'ancien corps de garde de cette porte. Le campanile a été fabriqué en 1758 par Jérôme Valade, serrurier à Cavaillon. Il renferme la cloche de l'horloge communale qui se contente d'une seule aiguille !
Il ne reste que deux arcs en appui à droite de l'ancienne mairie pour témoigner de l'ancienne chapelle Saint-Joseph édifiée en 1644 par la confrérie de St-Joseph. Elle avait été construite pour éviter aux personnes âgées ou handicapées d'avoir à monter à la collégiale Notre Dame Dalidon. (En haut du village).
Campanile en fer forgé, en forme de chaise, avec sa cloche.
La porte à droite est l'ancien corps de garde.
En traversant la voûte, sur votre gauche, jolie maison intégrée au rempart. La porte en anse de panier a été rétrécie en porte droite. Ouvertures sur plusieurs niveaux, de chaque côté du rempart.
L'ancienne échoppe, en ruines, a conservé un grand arc mouluré avec une clef de voûte sculptée qui repose sur des impostes de style dorique. Deux étals symétriques encadrent la porte permettaient de présenter les marchandises. Elle était en état jusqu'en 1829.
Une autre échoppe avec une porte fenêtre rétrécie et une pierre avec la date de 1775, qui peut-être celle d'une rénovation.
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La calade refaite à l'identique facilite l'accès à ce magnifique édifice.
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Église Notre-Dame-d’Alydon ou Notre-Dame-de-Dolidon. Située en haut du vieil Oppède. Elle domine la plaine et le village. Elle a été construite au 16éme siècle à l'emplacement d'une église antérieure, du 11 ou 12éme siècle. L'église primitive était romane. D'un plan carré, le clocher devient hexagonal au niveau de la chambre des cloches. Le porche est constitué d'une haute arcade qui abrite l'entrée. L'église est devenue bien communal en 1905 par la loi de séparation de l'église et de l'Etat.
Jusqu'au début du 20éme siècle, c'est l'église paroissiale. Puis elle est abandonnée, désertée, laissée à tout vent et, finalement, fermée en 1971. Depuis 1994, un vaste et coûteux programme de restauration est lancé sur plusieurs années. Elle est dotée de puissants contreforts, mis en place afin d’éviter tout effondrement.
Magnifique panorama de l'église
Arc triomphal orné de motifs floraux et de rinceaux qui sépare le nef du coeur.
Le banc de communion en pierre a été remplacé en 1863 par une barrière en fonte avec portillon pour empêcher l'accès au choeur aux chiens qui divaguaient durant les offices.
Dans le choeur quatre niches datées de 1672 referment des statues en bois dorés. Saint Roche et son chien; Notre Dame de Dalidon; une Vierge à l'enfant provenant de la chapelle des Pénitents Blancs; Saint Laurent brûlé vif sur un gril, patron du village.
Ruines du château. Fermé à la visite
Le sommet de la tour est relié au reste du château par une arcade vertigineuse. Selon la légende, c'est par là que l'antipape Benoît 13 se serait envolé, soutenu par le diable. Source Wikipédia et Ici
En 1731, un tremblement de terre anéantit le château déjà inhabité depuis près d'un siècle. Les gens du village se servent alors des restes du château comme carrières de pierres. On retrouve dans les maison les mêmes signes des tailleurs de pierre que ceux tracés sur les ruines du château.
Aujourd'hui, sa silhouette est restée la même depuis 1731.
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Plus bas dans le village
La tour adossée au rempart constitue un ouvrage de défense avec des bouches à feu sur trois niveaux alors que le rempart est muni d'archères pour tirer à l'arbalète, arme en usage jusqu'au début du 15éme siècle. Son sommet est doté de trois bretèches protégées par une lauze qui permettaient le jet de projectiles sur les assaillants.
Plus bas, des ensembles de maisons médiévales intégrées dans le rempart.
Carré "magique". Le carré Sator se lit dans tous les sens et fait l'objet de nombreuses interprétations.
Le Portalet
Une ancienne porte de défense donne accès au passage qui conduit à la fontaine, (murée, impossible d'accès), seul point d'eau du village. L'eau courante à Oppède a été installée en 1956.
Tour de défense bâtie au 16éme siècle.
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Rue de l'hôpital
L'ancien Hôtel Dieu remplace un hôpital qui existait déjà à Oppède au 14éme siècle. Cet ensemble a été remanié au 18éme siècle sur des bases anciennes du 15éme siècle. Une porte donne accès à la chapelle Ste- Anne. On peut voir sur la façade ouest un tronc pour les pauvres malades (1776)
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L'ancienne boulangerie "L'androudo"
Ancienne boulangerie à gauche de la photo. La tour au milieu, est l'ancien hôtel de ville. A droite, l'ancienne halle bâtie contre le rempart.
Portes et fenêtres du 15éme siècle. La porte avec un arc en plein cintre a été réduite.
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Maisons bâties sur des bases médiévales.
"La maison appartient à celui qui le regarde."
Une fenêtre géminée du 14éme siècle, des fenêtres à meneau, à chanfrein.
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Le seul pan de rempart qui a gardé sa hauteur primitive avec archères et créneaux.
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D'azur aux deux chevrons d'argent, rompus, le premier à dextre et le second à senestre, accompagnés en chef des lettres O et P capitales d'or
Plusieurs films ont été tournés à Oppède dont:
- L'Arlésienne, de Marc Allégret en 1942.
- Gazon maudit, de Josiane Balasko en 1995.
- La Fille du Puisatier, de Daniel Auteuil en 2011.
Sources de l'article:
- Guide complet des communes de Vaucluse de Michel de la Torre.
- Dictionnaire des communes de Robert Bailly
- Livre: Le vieux village d'Oppède, aperçu historique. Opération Patrimoine (Mairie Oppède)
- Livre: Le vieil Oppède. Une collégiale, un château, un village. d'après Antonin Rousset "Oppède et ses environs, 1901".
- Site officiel d'Oppède: Ici