Les lavandières

 


 

- Tan plan l'ivèr coume l'estiéu, li bugadiero van au riéu.
- Tant l'hiver que l'été, les bugadières vont au ruisseau.
(Frédéric Mistral)

 

 

 Entraigues sur la Sorgue. La statue de la Lavandière, créée par Y. Galzin en 1998, commémore l’emplacement de l’ancien lavoir communal.

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Photos 2021

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  Source du journal Le Petit Marseillais, 12/05/1889

 

***

 

Savez-vous, ce qu'est une Lavandière?

Une lavandière désigne toute femme qui lave le linge à la main, dans un cours d'eau ou un lavoir. Le mot lavandière vient du fait que les lavandières avaient l'habitude de parfumer le linge propre avec de la lavande.

 

Dans les villages provençaux "la bugado", en langue d'OC "la grande lessive" se faisait  2 fois l'an. Printemps et automne, après les travaux des champs terminés.
L'eau est un bien précieux en Provence et l'usage des lavoirs était soumis à des réglementations stricte. Il était, par exemple, défendu de faire la lessive de 22h du soir à 5h du matin.

Le travail était sérieux, car laver le linge sale de 6 mois, impliquait un travail harassant de plusieurs jours et nécessitait la presque totalité des femmes du village.

 

Lavandières à la fontaine du village. (photo perso)

A la belle époque, les ménagères se retrouvaient autour du lavoir où les commérages allaient bon train.
Il était le lieu du travail féminin par excellence. Les hommes en étaient exclus, laissant ainsi la liberté aux femmes de bavarder sur des sujets les plus intimes.
Même si le travail y était difficile, il était plus léger, en bonne compagnie. Les lavoirs étaient entourés de blanchisseuses professionnelles, des mères de famille ou bien des domestiques chargées de la lessive de leurs maîtres.

Le travail des lavandières était toujours le même pour toutes: il faut mouiller et savonner le linge, le brosser et le battre avec un battoir dans une position souvent inconfortable pour le dos.
Puis, il faut le rincer et le tordre en le pliant plusieurs fois. Elles le battaient ensuite avec un battoir en bois afin de l'essorer le plus possible avant de l'étendre. Les places étaient chères, car elles étaient réservées à côté de l'étendage, plus prés pour étendre le linge pesant lourd.
Les lavoirs n'étant pas toujours à la bonne hauteur, les lavandières restaient ainsi agenouillées de longues heures, le temps de faire la "bugado" (la grande lessive).

Carte postale de Sorgues
L'hiver quand l'eau était glaciale il était très difficile de faire la lessive, l'eau glaçait les mains. Pire les jours de mistral.
Leurs mains étaient très souvent abîmées pour avoir trempé trop longtemps et trop fréquemment dans l'eau parfois glacée des lavoirs ou des rivières.

Certaines lavandières n'avaient pas de lavoirs proche de chez elles, il fallait donc marcher jusqu'à la sortie du village et aller à la rivière pour laver le linge.
Le travail y était encore plus inconfortable et épuisant... A cause de l'absence d'aménagements spécifiques, le travail y était infiniment pénible (les genoux étaient posés sur des cailloux).
La lessive était faîte de la même manière dans les lavoirs ou les ruisseaux.
Puis il fallait rapporter le linge mouillé dans un panier en osier jusqu'au village. Ou pire, le linge mouillé dans la brouette en plus de son poids.

Vacqueyras (photo perso)

 

***

Les jours de grandes lessives, les lavoirs étaient le domaine des femmes. Ils leurs étaient réservés exclusivement avec une interdiction: toute présence masculine sur les lieux était interdite.
Autour des lavoirs dans les villages de Provence tout se partageait. Les bonnes ou les mauvaises nouvelles, les chagrins et les amours, les ragots qui allaient bon train, ainsi que les disputes.

 Les lavoirs étaient le "plaisir" de l'échange entre femmes

Journées du patrimoine à Pernes

 

 

***

 

La grande lessive

Autrefois, deux fois l’an, c’était « la bugado » :
Quel tintouin, mes amis, et quel remue-ménage
Dès l’aube du lundi tout d’abord le trempage
Dans l’eau additionnée de soude en gros cristaux ;

Un rinçage abondant ; et puis on préparait
Le cuvier tapissé d’un drap ou d’un tissu ;
On y mettait le linge, un autre drap dessus
Où l’on plaçait les vieilles cendres du foyer ;

Sur l’ensemble on versait alors de l’eau bouillante
Qui coulait dans un seau placé sous un trépied ;
Ca durait une nuit où tous se relayaient :
De l’eau, encor de l’eau, dans des vapeurs ardentes…

On empilait le linge en tas sur la brouette
Pour aller le rincer plus loin à la rivière
Ou au lavoir, selon… Et là les lavandières
Frottaient encore un coup torchons et serviettes,

Camisoles, jupons… Rinçages abondants,
Encor un et puis deux… Ensuite l’essorage…
L’étendage sur l’herbe … et la fin de l’ouvrage !
En est-il pour encor vanter « le bon vieux temps » ?

  Vette de Fonclare – Poèmes en Provence

 

 

 



14/09/2018
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