Balais de Lapalud
Le village de Lapalud (capitale du balai) était très connu dans les années 1950 pour les fameux balais fabriqués au village traditionnellement depuis plusieurs décennies.
Depuis 1870 la culture de sorgho avait progressivement remplacé celle de la garance. On fabriquait alors des balais avec la paille du sorgho. Plusieurs fabriques existaient en 1945.
Le village de Lapalud était célèbre pour ses balais qui étaient vendus sur les bordures de la nationale 7. Mais la déviation de la circulation entraîna progressivement la disparition de ces commerçants.
Petite histoire du balai.
Il y a environ une centaine d'années, commença la "grande aventure" du balai. Mais le balai de paille de Sorgho était déjà apparu dans le sud-ouest de la France au 19éme siècle. Il n'était composé que de quelques tiges nouées entre elles, agrémentées d'un manche en pin maritime pour faciliter sa manipulation.
Balais Cigalon
Un habitant du village de Lapalud rapporta quelques de graines de sorgho qu'il cultiva dans son jardin. Une paille particulièrement souple, fut récoltée. Les familles se mirent à la façonner.
Balais Deslias
Dans les années 1920, il y avait à Lapalud quatre établissements qui fabriquaient des balais. On en comptait une dizaine à la Libération. Monsieur Deslias qui était fabricant, faisait sécher ses balais dehors , devant chez lui. Puis des touristes qui circulaient sur la RN7 et voyaient ces étalages s'arrêtaient pour lui acheter des balais qui séchaient sur le trottoir. Petit à petit, il se mit à en exposer et à en vendre de plus en plus. C'est ainsi que des étalages de balais se sont progressivement ouverts tout le long de la RN7.
Le village de Lapalud se fit petit à petit, une renommée, grâce à ses fameux balais. Puis les commandes commencèrent à affluer . C'est ainsi que la prospérité arriva à Lapalud, qui devint rapidement la "capitale" du balai. Cet artisanat devint après la seconde guerre mondiale, une véritable "industrie" locale. La consommation de paille était très importante au point qu'il fallait en faire livrer par train. Les balais étaient fabriqués dans le village, puis exportés. Ils partaient par train, très peu étaient réellement vendus sur place, à Lapalud , même si durant la période estivale, la clientèle empruntant la nationale 7 était nombreuse. Les stands de balais étaient bien placés, sur les abords de la route Nationale 7. Même les alimentations, la station essence vendait aussi des balais. Un vrai succès !
Sur le cours des Platanes aujourd'hui, (route N7 auparavant) s' installèrent des étals de toutes les couleurs, multicolores après qu'un Lapalutien, Maurice Deslias (qui se donna le titre "d'inventeur du balai en couleurs") donna grâce au "rilsan" (sorte de "nylon" issu du ricin qui peut être coloré à volonté) de la couleur aux balais et convertit des milliers d'articles en osiers, balais, brosses, paniers et objets multicolores.
Puis les travaux pour la construction des complexes nucléaires de Pierrelatte contraignirent à dévier la nationale7 qui ne passa plus par le village de Lapalud. Ce fût la fin du commerce des balais. La clientèle disparut. Les stands disparurent un à un.
Puis après la construction de la déviation de la nationale (ouverte à la circulation en octobre 1957) et la construction de l'autoroute A7, les touristes ne passaient plus du tout dans le village. C'est ce qui a donné le coup de grâce aux balais de Lapalud. Certains, pour suivre leur clientèle, ont installé des magasins du côté de Piolenc, mais progressivement tout cela a disparu...
Les balais de Lapalud ont été supplantés par des produits bon marché importés... Aujourd'hui, il n'existerait plus qu'une seule entreprise encore en activité.
Aujourd'hui à Lapalud, les enseignes délavées peintes sur les murs restent les derniers témoins de l'âge d'or du balai.
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* Rallye des balais [ici]
* Je remercie chaleureusement Monsieur René Goudon pour ces photos et l'aide apporté pour créer cet article.