Naitre en Provence

 

 

À mesure que la grossesse avançait, l'angoisse survenait quant à l'accouchement.
Le nombre d'enfants mort-nés ou non-viables fut particulièrement effrayant jusqu'au début du XIXe siècle.
Ces naissances malheureuses s'accompagnaient parfois du décès de la mère, ajoutant un second deuil au foyer, et laissant un père désemparé.
À dire vrai, toutes les femmes enceintes invoquèrent un jour la Vierge pour obtenir une délivrance heureuse.
Des saints, même, se spécialisèrent, telle Notre-Dame de l'Espérance, en l'église de Saint-Martin à Marseille, où se déplaçaient toutes les Marseillaises sur le point d'enfanter.
Se placer sous la patronage de la Vierge en pareille circonstance était censé contribuer à préserver la femme enceinte des douleurs de l'accouchement.
Il y avait à Marseille un proverbe que l'on destinait aux femmes sur le point d'accoucher : « Ben leou, n'en sera eis ahi ! et eis ouï ! » (Bientôt, elle en sera aux aïe ! et aux ouille !) ...

... La période de la naissance était un autre sujet de préoccupation.
Sachez, sans crainte de vous tromper, que si un de vos ancêtres est né dans les Bouches-du-Rhône au mois de mai, on a dit qu'il mourrait jeune.
Ces craintes superstitieuses et souvent injustifiées donnaient le sentiment de maîtriser et d'appréhender des étapes de la vie qui demeuraient, par définition, difficiles à bien anticiper.
Une naissance en mars ferait un enfant vif et gourmand. Dans d'autres départements, particulièrement en Vaucluse, les naissances de mars donnaient un enfant qui « pleurerait comme la vigne », de caractère maussade. Au contraire, les enfants de mai seraient enjoués.
Le vendredi n'était pas vraiment recommandé pour les naissances ; les enfants nés ce jour seraient sujets aux visions...


Voila que les premières douleurs surviennent

On vient avertir le père qui est aux champs. Il laisse aussitôt son ouvrage et court chez la  baïlo (sage-femme).
 Chaque village, en général, comptait au moins une baïlo — nommée « accoucheuse » en français.
Arrivée au chevet de la future mère, la sage-femme s'assure que celle-ci ne porte aucun bijou en or. L'or, c'est bien connu, empêche les enfants de bien venir.
 Les hommes, bien entendu, ont quitté la pièce, mais plusieurs femmes restent là : les sœurs, la mère, les amies, les voisines et une jeune fille vierge. Avant de se retirer, le père aura pris soin de remettre à la  baïlo un cierge bénit, censé porter bonheur au nouveau-né.
Comme l'accouchement se complique et que leis ramados (« les douleurs ») s'amplifient, la  baïlo prépare pour la future mère une tisane de genévrier qui accélèrera le travail.
Dans la pièce d'à côté, le pauvre père endure le martyre avec son beau-frère, venu le soutenir. Jamais il ne tape à la porte pour demander des nouvelles cela porterait malheur à sa femme...

 

En savoir plus? C'est ici

 

 



06/12/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 144 autres membres


Recommander ce site | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créer son blog gratuit | Espace de gestion