Le rucher de mon grand-père

 

 

Mon grand-père maternel (viticulteur vauclusien) que j’appelais « Papé » avait une affection particulière pour ses ruches et ses bourdonnantes pensionnaires.

Ces dernières le lui rendaient bien. Elles lui avaient communiqué à l’oreille, à ailes basses, le mot de passe pour approcher et manipuler les alvéoles de leurs ruches.

De loin juchée sur une branche du noyer, mon mirador favori, j’assistais au ballet des abeilles autour du Maître de chorégraphie. J’allais donc voir de plus près ce ballet.

Ces chères amies avaient dû limiter leur territoire par une clôture invisible. Leur système de protection n’était jamais défaillant, car à chaque fois que je me trouvais à une distance précise de leur domaine, ma chevelure devenait un champ de tir à l’aiguillon. Je détalais à toutes jambes, hurlant de peur et parfois de douleur. A l’avenir, je me promettais de faire un détour, ou de rester perchée sur mon mirador.

Mais l’endroit était tentant. Je récidivais.

Les amies de mon « Papé » également. Ah, si j’avais connu les mots magiques, j’aurai pu, coiffée d’une mantille, pénétrer ces palais de cire aux mille et une alvéoles, et assister aux festivités royales.

Mon grand-père avec un enthousiasme et une patience qui caractérisent la passion, me racontait la vie de son rucher, m’expliquait la récolte et la fabrication du miel. J’étais médusée car mon grand-père avait l’âme d’un conteur. C’était beau !

Son histoire se terminait par une dégustation de miel, que « Papé » étalait soigneusement sur une tartine de pain pour le goûter. J’en perçois encore l’arôme. Son histoire vraie (j’insiste sur ce qualificatif, car pour un enfant, une histoire vraie tient du fantastique, de l’aventure, de l’héroïsme), donc, cette histoire n’avait rien à voir avec celle de mon imagination. Il n’y avait pas de bal, pas de festin, pas de couronne.

Ces insectes travaillaient sans répit ; leur reine s’acharnait à assurer la pérennité de l’espèce. Il fallait sans cesse produire et se reproduire. Quelle vie !

Par la suite, j’observais de loin, avec respect et compassion, les laborieuses et obstinées amies de mon « Papé », qui butinaient, près de mon mirador, les fleurs du jardin de ma grand-mère. Les jabots chargées de nectar, elles retournaient fidèles à leur ruche pour déposer leur récolte, et recommençaient leur besogne.

Quel beau souvenir !

 

Paule GONTARD

 

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* Un très grand merci à Mme Paule Gontard de m'avoir envoyé ce récit pour que je le poste sur mon blog.

 

 

 



02/03/2016
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